La mort expliquée aux très petits...

Bon matin!
Question existentielle ce matin...Notre vieille chatte est, je le crois bien, sur ses derniers miles. Ariane, 19 mois, l'aime beaucoup. Je me demandais comment lui expliquer? (je ne prévois pas nécessairement la préparer, je pense que c'est un peu abstrait quand le chat y est toujours...non?)

Quand même, je me revois super clairement, vers 3 ans, debout entre le siège de mes parents dans l'auto, alors que ma mère m'annonce que Dino, le chien de ma grand-maman, est parti de la maison jouer avec ses amis chiens. J'ai vraiment eu beaucoup de peine, j'avais une relation spéciale avec cet animal, mais je crois que je n'ai plus reposé beaucoup de questions par la suite et je n'ai jamais remis en question l'histoire du chien enfui. J'imagine que ma face valait des millions quand, il y a 5 ou 6 ans, mon oncle a raconté combien il avait été triste la journée où il avait été faire tuer Dino en pleine réunion de famille...

Vous avez des suggestions pour moi? Vous avez eu à le vivre??

En terminant, j'ajouterais qu'Ariane parle plutôt bien (phrases de 2 à 4 mots) et commence (tout juste, mais quand même) à verbaliser comment elle se sent (fatiguée, bobo à tel ou tel endroit, ...)

Merci pour vos précieux conseils les filles!

Je crois que beaucoup de gens ne sont pas du tout à l'aise avec la mort et trouvent de belles histoires à raconter pour épargner à leurs jeunes enfants de la tristesse. Pourtant, souvent, cela n'a pas l'effet escompté. Je crois que les enfants communiquent beaucoup par le ressentis, donc même s'ils ne connaissent pas les mots, ils ressentent souvent le malaise de leurs parents, le fait que ce ne soit pas complètement la réalité, et ils peuvent être très déstabilisés, déçus ou fâchés de l'apprendre plus tard.

Chacun a sa propre perception de la mort, ou de la façon pour un enfant de la vivre, et cela colore sa façon de lui expliquer. Pour ma part, je pense qu'il est important de trouver une façon de dire les vraies choses, et de vivre la tristesse du deuil que cela provoque.

Même lorsque les enfants grandissent et comprennent mieux, le malaise transparait souvent. Je me souviendrai toujours du jour où nous avons perdu notre oiseau qui s'est sauvé en plein hiver, et notre papa (qui n'a jamais appris lui-même à "dealer" avec les émotions ), en voulant bien faire et éviter notre tristesse, nous a amené au restaurant pour nous changer les idées. Cela a eu pour effet de prolonger le deuil et la tristesse. Je crois qu'il est avant tout important de prendre conscience de comment on vit et on perçoit la mort nous-même, cela nous permet d'être en contact avec la réalité que l'on veut expliquer a nos enfants.

il y a de très beau livre qui explique la mort aux enfants même pour les tout petit. Moi j'irai vers sa.

Voici un article intéressant sur le sujet:
http://www.cyberpresse.ca/dossiers/les-grandes-entrevues/201011/06/01-4340036-le-grand-deuil-des-tout-petits.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B41_acc-dimanche-bandeau_372676_accueil_POS5

Je crois que j'irais avec des concepts simples. Elle est très très vieille. Quand on est vieux, on peut tomber malade, avoir bobo. Et alors, ça arrive qu'on s'endorme pour toujours..

@Tchin, moi ma mère m'a dit ça quand j'étais petite et j'en ai eu pour des années à ne plus avoir peur de m'endormir... je m'en rappelle encore.

Mon grand-père est décédé à la maison il y a 2 ans et demi.
Nous avons été présents à ses côtés durant son agonie, et mes enfants (5 1/2 et 3 ans à l'époque) tenaient chaque main de mon grand-père. Quelques minutes avant qu'il ne meure, ma fille m'a demandé ce qui se passait quand on est mort. Il y avait genre ma mère, ma grand-mère, mon oncle et ma tante dans la pièce, nous étions tous très émotifs. Je n'avais jamais pensé comment j'allais répondre à ces questions le jour venu. Je me disais que je procéderais par instinct. Alors, j'ai expliqué que quand le corps est trop vieux et trop malade, on ne peut plus le réparer, alors il cesse tout simplement de fonctionner. Les gens que l'on aime restent à jamais dans notre coeur, et que l'amour qu'on leur porte ne meurt pas. Je lui ai aussi expliqué qu'une partie de mon grand-père était dans chacun de ses enfants, de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, c'est ainsi qu'on ne meurt jamais vraiment. Puis, mon grand-père s'est laissé aller.
Le soir venu, on a choisi une étoile dans le ciel (l'étoile de grand-papi) qui nous permettra de penser à lui et de ne jamais l'oublier.
Mes enfants ont bien réagi. Ils étaient un peu plus vieux que ta fille, et un humain comparé à un animal, c'est pas la même affaire, mais je crois que sur le coup, j'ai suivi mon instinct et j'ai bien fait.
Avec le recul, je trouve que c'est une belle histoire. Ma fille m'en reparle parfois, mais mon fils lui ne semble pas s'en souvenir.

Sur le coup, tu risques de trouver les bons mots. Je crois qu'avoir voulu le préméditer, j'aurais pas trouvé de meilleure explication, surtout que nous ne pratiquons pas de religion. Sinon, j'imagine que c'est un bon moyen d'initier notre enfants à certaines de nos valeurs religieuses.

Gege a écrit:@Tchin, moi ma mère m'a dit ça quand j'étais petite et j'en ai eu pour des années à ne plus avoir peur de m'endormir... je m'en rappelle encore.

À avoir peur ou ne pas avoir peur

Au fait, belle histoire Gege

hihihih mon papa avais aussi expliqué ca a mon frère qui c'est empressé de dire a notre vieux Grand-Père :

Tu sais Grand-Papa, quand on est vieux, y faut qu'on mourru...

hihih très comique...

mais bon, je pense que c'est une facon simple qui va le mieux passer.. Essaie d'explorer avec des concept qu'elle comprend.

Ici, quand le fils de 4 mois de ma cousine est décédé, sa plus vieille avait environ 2 ans. Ma cousine m'a dit que sa fille comprenais bien le concept de : C'est fini, quand c'est la fin de quelque chose. Elle lui a donc expliqué que la vie de son petit frère était finie, qu'il était parti ailleurs.

Elle semble avoir bien compris comme ca.

eee...à avoir peur.

Gege, ton récit me touche. C'est rare qu'un parent osera placer son enfant dans une situation aussi intense, aux premières loges... je pense que tu as bien fait de leur faire confiance... J'ai du mal à m'exprimer, mais bon.

Ale, je vais te dire que ça n'a pas fait l'unanimité sur le coup...........

Mais comme je l'ai expliqué à ma famille, pour moi la mort c'est comme la naissance, ça fait partie de la vie. Et que je VIS avec mes enfants. Je n'ai jamais eu l'impression de leur "imposer" un traumatisme. Ils ont été libres au-travers le processus d'apprivoiser la vieillesse, la maladie et la mort, surtout que c'était à la maison. En fait, j'ai fait de nombreux rapprochements avec la présence à l'accouchement, les mêmes préoccuppations ont été exprimées dans les mêmes mots.
Les enfants n'abordent pas la mort comme nous les adultes. Ils ont été une présence extraordinaire tout au long de cette semaine. Dans ses derniers jours, mon grand-père les a entendu jouer au ballon et s'esclaffer de rire sous sa fenêtre. Jamais je ne regretterai mon choix. Je crois aussi que leur présence a été un baume pour mes grands-parents au-travers ce passage... ça fait du bien de penser au cycle de la vie.

Autant pour eux que pour nous, nous en retirons le souvenir d'une expérience familiale puissante qui nous a soudés.

Un énorme merci les filles pour vos conseils et témoignages, ça m'aide à poursuivre ma réflexion à ce sujet...

Comme Ariane a déjà le sommeil compliqué, je crois que ça pourrait empirer les choses de lui expliquer que le chat s'est endormi et ne se réveillera plus...

la mort est un concept assez abstrait, c'est franchement pas évident de traduire avec des mots qu'elle va comprendre sans tomber dans l'image qui pourrait lui faire peur (maintenant ou un peu plus tard) je trouve...

Gege, ça a du être un moment d'une intensité incroyable, c'est un témoignage vraiment touchant que tu as partagé...merci!

J'aime bien vos façon d'expliquer Gege et Isabelle, je vais m'en inspirer je crois...

Pour le moment, le chat «toffe la run», et continue à (entre autres) manger le pain -et le sac- qu'on oublie sur la table, manger les cordons de mes vêtements quand le garde-robe n'est pas fermé correctement, se coucher dans le bain et l'emplir de poils, vomir le plastique des sacs de pain aux endroits les moins appropriés possible...bef, la vie est belle dans le meilleur des mondes, ça me laisse le temps de préparer mes explications pour ma puce...

c'est arrivé, nous avons passé la soirée de vendredi dernier à l'hôpital vétérinaire et avons du mettre fin aux jours de notre vieille chatte. (ou débourser le 4000$ qu'il aurait fallu pour investiguer sur ses problèmes et calmer son agonie qui a soudainement commencé vendredi après-midi, mais malheureusement, ce n,était pas du tout possible de s'endetter d'un tel montant pour un animal de 14 ans. bref.)

Ariane était à la maison avant qu'on parte pour le vétérinaire, elle jouait avec sa malette de docteur à «réparer le yeux de Beky qui est brisé» et est ensuite allée coucher chez mes parents pour la nuit. Elle a demandé où était le chat à son retour le lendemain, nous lui avons dit qu'elle était partie et qu'elle ne reviendrait pas, parce qu'elle était très malade. Elle a insisté sur le «où», et nous a dit qu'elle était à l'hôpital. Elle a eu un ou deux moments de tristesse où elle appelle le chat dans la maison depuis, a baptisé le chat de sa Fraisinette «Beky» et joue à le réparer, mais elle semble somme toute bien comprendre la situation...